Les trois plus grands actes impossibles à réaliser (sans soutien psychologique)

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C'est vraiment n'importe quoi
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critique ronchonne thèse

En cette ère troublée par des classements télévisuels (un billet retrouvé dans les méandres de mon disque, commencé durant les beaux jours des émissions telles que Les 100 plus grandes reprises de la chanson russe par Sim et Jean Roucas, donc il n’y a pas si longtemps, NDLR) aussi difficiles à départager dans la médiocrité que deux dragueurs saouls célibataires, j’ai décidé d’inaugurer une nouvelle section sur ce blog saturé de billets sur mes soirées dépavées. Voici donc les classements des trois plus grands (mieux qu’un duo, plus facile à trouver que quatre, et a-t-on déjà vu un classement de quatre ?).

Pour ouvrir le bal, et puisqu’à l’impossible nul n’est tenu, voyons aujourd’hui ce qu’il conviendrait d’appeler les trois plus grands actes impossibles à réaliser.

J’entends – une prouesse aussi bien physique que quantique, compte tenu de l’éloignement conséquent (personne au dessus de mon épaule, j’ai quand même vérifié) de mes oreilles par rapport à vos bouches, et de la relative incertitude quant au moment où vous lirez ces lignes – déjà les remarques des plus confiants d’entre vous, à base d’éloge de la méthode, de la planification et de l’organisation. À ceux là, j’aimerais d’emblée proposer les postes suivants : agent secret atteint du syndrome de Tourette, mime en caverne, président du monde. N’envoyez pas vos CV, on viendra vous chercher directement.

Si tout le monde à maintenant trouvé un emploi qui mettra à profit ses capacités, passons au classement, que je vous dévoile sans plus d’effet pyrotechniques difficiles à faire passer en environnement littéraire. Les trois plus grands actes impossibles à réaliser sont donc (dans l’ordre qui vous conviendra, selon vos déboires et rancœurs) :

L’ obtention d’une solution à un problème soumis à une hotline internet

Tout le monde à déjà connu ce moment tragique où, plein de bonne volonté et de candeur vis-à-vis de la solution proposé, votre interlocuteur téléphonique – pourtant jugé compétent – vous demande de débrancher la prise téléphonique pour y permuter le filtre, ou de redémarrer le modem sur lequel est connecté votre téléphone. Bin oui abruti, ça coupe la ligne avec.

Cet exemple choisi parmi tant d’autres illustre plus qu’un dysfonctionnement de notre société moderne (l’assistance par téléphone dans un domaine technique où tout le monde croit tout comprendre mais personne ne sait de quoi il parle), mais bien un point de non-retour atteint dans la folie humaine. C’est en ce sens pire qu’une malédiction, puisque le sacrifice d’un poulet un jour de pleine lune ne peut rien y changer. Il n’y a pas de solution pour atténuer, et encore moins pour résoudre ce problème.

Pour avoir été des trois côté – oui, une hotline internet est donc un triangle où là encore, des personnes disparaissent inexplicablement – du téléphone, l’appelant, le sauveteur et le formateur, je vous certifie que la faute n’en reviens à personne. Ou plutôt, chacun doit composer avec ce qu’il a.

Pour vous permettre de mieux appréhender toute la perversité de la situation, je vous propose une rapide analogie avec une situation plus commune. Pour cette expérience, vous aurez besoin d’une personne qui n’aura pas connaissance de ce test. Si vous êtes au boulot, faites cela devant votre patron avec un collègue, vous profiterez ainsi des trois points de vue. L’objectif est d’aller demander à votre cible de vous lacer vos chaussures, sans prononcer les mots lacets, nouer et chaussures justement. Les synonymes sont bien sûr interdits, tout comme le mime. En revanche, les analogies, surtout si elles sont confuses, inappropriées et dépendent d’avoir vécu une situation à laquelle votre interlocuteur n’a pas participé, sont fortement encouragées. Vous êtes, vous l’aurez compris, dans la peau du client de hotline. La réponse de votre interlocuteur, dont l’objectif paniqué sera – s’il ne s’est pas éclipsé en vous jetant des regards inquiets de côté – de vous aider à formuler votre problème pour arrêter ce massacre verbal, vous donnera une bonne idée du quotidien du hotliner. Si vous êtes devant votre boss, vous découvrirez qu’il est difficile de travailler sa compréhension mutuelle quand un quidam vous intime gentiment d’accélérer le mouvement, quitte à éluder complètement la question, sous peine de châtiments salariaux en total inadéquation avec la lutte actuelle pour le pouvoir d’achat.

À la réflexion, les fournisseurs d’accès internet ne peuvent être au centre que d’un gigantesque complot mondial, orchestré par les sociétés pharmaceutiques dans le but de relancer les ventes d’antidépresseurs. Je ne vois que ça.

La pose d’une housse de couette

Non content d’être un acte d’une extrême difficulté intrinsèque, le fait d’enfiler – et ça n’a pourtant rien d’excitant, vous en conviendrez – une housse de couette vous fait passer, si spectateur(s) il y a, pour le dernier des abrutis.

De manière scolaire, ça donne ça :

Soit un volume V = h X l X L, et un parallélépipède rectangle creux P (de dimensions h + 1, l +1, L + 1, le premier qui me demande l’unité viens faire mon lit et ceux du reste de l’hôtel lors de mon prochain déplacement professionnel), sur lequel on pratique une ouverture de h/2 par L/2. Trouvez f(V) telle que vous n’éclatiez pas la rondelle de P. Vous n’avez pas le droit à la calculatrice.

Pour les alcooliques (certainement plus nombreux que les matheux parmi mon lectorat numérique), ça donne plus un truc du genre : Hey mec, j’te file 1 litre de binouze, et un gobelet de 50cl. T’as pas l’droit d’en boire parce que c’est la mienne, et faire tomber c’est gâcher. Si j’retrouve pas mon litre en revenant de pisser, j’te care mon poing dans la yueule !

Et pour ceux qui combinent le paragraphe précédent avec la drague (y’en a aussi, et on a les noms) et qui parfois touchent au but, ça ressemblerait plus à tenter d’enfiler une capote de la main gauche, avec à peine une demi-molle et la capote une taille trop petite (même si rappelons-le, pour certains, ça n’existe pas), la fille d’en face étant ce qu’on pourrait qualifier de tromblon. On va dire que c’est compliqué.

Revenons quand même au problème. Une housse de couette, du moins la classique dotée d’une ouverture ridiculement petite, c’est le plus sûr moyen vers l’aller simple au pic de tension.

Ho. Mon. Dieu. Que c’est frustrant – amusant certes, mais quand même – d’être coincé entre housse et couette, dans la chaleur, les membres empêtrés et l’orientation en berne lorsque votre partenaire (on ne parle plus de soutien moral ni d’épaule réconfortante dans ces moments) vous chante voilà la chenille, voilà la chenille ! en se pissant dessus.

Ne pas pouvoir entrer en Suisse sans autorisation du secrétaire général des Nations Unies

Il faut à mon sens une excellente raison pour vouloir pénétrer en terre helvète, et j’ai beau me retourner les méninges, je n’en retiens que trois (coïncidence ?) :

  • aller skier (une excellente idée),
  • aller acheter du chocolat (un délicieux projet),
  • aller se foutre de l’uniforme de la garde suisse (il vous reste une place ?).

Toujours est-il que, bonne ou mauvaise raison, la chose est loin d’être simple. En effet, en tant que ressortissant français, vous êtes susceptibles – et suspectés – d’être venus leur dérober le secret de la raclette. Donc si vous ne pouvez prouver votre filiation directe avec le duc d’Anjou ou la comtesse du Barry, ou réciter de tête la formule magique, c’est foutu : reconduction à la frontière dans les plus brefs délais. Et on vous lit vos droits avec ce superbe accent suisse, qui n’en rajoute pas une couche, non, vraiment.

Pour ceux qui ne sont pas convaincus et qui ont une légère tendance à la nonchalance en cas de voyage, j’ajouterai ceci : en Suisse, une pièce d’identité, c’est pas une carte de bibliothèque. Pas la peine de croire que l’énorme F en plein milieu de votre permis de conduire prouvera quoi que ce soit. Si Ban Ki-moon n’a pas signé de son sang la photo du pape qui orne pieusement votre portefeuille en peau de truite, vous êtes bons pour aller vous faire voir chez… les grecs.

PS : comme évoqué plus haut, ce billet est repris d’il y a bien longtemps, à une époque où j’étais encore jeune, fougueux et plein d’espoirs. Quand j’écris nouvelle section [sur] les classements des trois plus grand, je signifiais bien sûr un billet, et pourquoi pas plus si le cœur m’en dit, si mon Mojo tiens le coup et si l’idée ne me parait pas soudainement trop saugrenue. Mais vous aviez compris…

À suivre : new look.