Vrac du mec en vrac
Les soirées bien arrosées, c'est un peu comme tirer un laideron pour l'entretien (la formule est un brin misogyne, je vous le concède) : pendant, on est trop content, mais le lendemain, on regrette amèrement.
Je suis trop attaché à la boisson - et aux laiderons ? - pour regretter quoi que ce soit ce matin, mais l'état de forme général traduit tout de même une légère envie de mettre fin à mes jours pour abréger mes souffrances.
6h30. Le réveil me vrille les oreilles avec ce CD que je n'ai pas changé depuis près de 2 mois (pour un réveil harmonieux, toi aussi écoute Smack My Bitch Up de Prodigy). putainsaracelumièresoleilmalaucranefautquejepisse
sont les premières pensées d'une journée pleine de promesses. La gravité m'oblige cependant à observer 5 minutes de méditation contemplative sous peine de chute, et je maudirais Newton si je n'avais pas oublié jusqu'à mon propre nom. Le premier choix de la journée intervient au moment où je passe devant ma cuisine (terme pompeux désignant le placard / évier de tout bon étudiant) pour aller pisser : je prépare mon Efferalgan avant, ou après m'être vidé ? Scotch d'une bonne minute sur ce choix cornélien, l'analogie entre le corps humain imbibé et un programme codé par un apprenti me semble soudain évidente.
Il reste des places assises dans le métro. J'adresse silencieusement (je crois) une prière de remerciement à Christopher Reeve, saint-patron des chaises et fauteuils. La dame en face de moi lit un bouquin dont le titre ressemble à Méthodologie du bonheur, ou un truc comme ça. Je suis assez conscient pour apercevoir le portrait de l'auteur, qui a vraiment tout le mérite du monde d'écrire un bouquin sur ce thème avec une face pareille. Je me dis aussi qu'on va de plus en plus vers des lectures américanisées style Comment garder son pouvoir de femme en période de menstruations ou encore Les hommes viennent de Mars et les Femmes de Venus, mais la lectrice a de gros seins et je lui accorde donc mon indulgence.
Depuis maintenant 20 minutes, je matte essentiellement des boudins ou des vieilles (voir la remarque sur ma misogynie de jour plus haut). Les effets de l'alcool se font encore cruellement ressentir, et j'énumère mentalement les choses que je peux encore faire :
- marcher - presque - droit,
- parler - presque correctement - dans ma langue natale,
- prendre le tourniquet sans me casser la gueule (c'était juste),
- me gratter.
Il va falloir bluffer au boulot… Je me cramponne désespérément à tout ce qui me passe sous la main pour éviter de tanguer pendant le café rituel avec les collègues, et accessoirement mon boss.
La journée va être longue…
À suivre : that's seventies show !