De la sexualité des Schtroumpfs

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Attention ! Dans ce billet, on aborde la problématique trop souvent voilée des mécanismes de séduction en usage chez l’autre peuple de l’herbe. Des références multiples vers Freud, Lost, Darwin ou encore Œdipe étayeront le propos, aussi merci d’éloigner le jeune publique des paragraphes qui suivent.

J’ai eu il y a peu de temps, avec une jeune balaenoptera musculus de ma connaissance, une discussion fort docte à propos de la sexualité de certains Schtroumpfs. Entre autres hypothèses évoquées, l’homosexualité sous-jacente du Schtroumpf Coquet nous paraissait suspecte sans un – voir plusieurs – partenaire pour l’assouvir. Qui était la tapette refoulée des petits hommes bleus ?

Cette question en ayant amené bien d’autres, je présente ici le résultat de mes recherches au sujet de la sexualité des enfants de Peyo.

Rappels à l’attention du lecteur à l’enfance difficile

Les Schtroumpfs sont des êtres magiques s’il en est, dont la durée de vie est environ 10 fois supérieure à celle des humains. Le Grand Schtroumpf affiche fièrement 542 printemps au compteur, tandis que ses congénères avoisinent pour la plupart le siècle d’existence.

On connaît également les P’tits Schtroumpfs, d’un age visiblement bien moindre, ce qui pose la question du mode de reproduction de ces lutins. Il est communément admis que les petits hommes azur sont dépêchés au village par une cigogne durant une nuit de pleine lune bleue, les exceptions étant la Schtroumpfette et Sassette, comme nous le verrons plus loin, mais également quelques cas isolés comme le Centième Schtroumpf (également appelé Schtroumpf Inversé).

La femme comme objet du désir

Honneur aux dames, il me semble plus facile pour introduire le sujet de débuter avec une incursion évidente de la notion de sexualité dans cette bande dessinée. À l’origine – Darwin appuiera mes propos de là où il est par une sorte de WiFi quantique se jouant de la fatalité et des barrières électromagnétiques que peuvent générer 5 mètres de terre –, les Schtroumpfs étaient tous de sexe masculin, sans exception. Par sexe, j’entends plus ici zigounette, ceux qui ont déjà eu la curiosité d’estimer la taille de leurs engins dans les quelques cases de nudité autorisées aux jeunes lecteurs comprendront de quoi il en retourne. Passons.

Les deux seuls exemplaires de féminité au village interviennent dans les albums 3 et 13, respectivement avec l’apparition de la Schtroumpfette et de Sassette. Le terme exemplaires est parfaitement maîtrisé et exempt de toute connotation misogyne, puisque ces demoiselles ne sont pas nées selon le processus habituel, mais ont été crées magiquement. En effet, la Schtroumpfette est l’œuvre de Gargamel, tandis que Sassette est une réalisation des P’tits Schtroumpfs. On sait donc que de l’œuf ou de la poule, ce sont les poules qui arrivent ici les dernières.

Chez les petits hommes, la femme est donc un objet, et l’on ne peut s’empêcher d’une part de penser au syndrome de Frankenstein, et d’autre part d’associer ces bleuettes à des poupées gonflables, exutoires mécaniques aux pulsions sexuelles inassouvies de la communauté des 100 célibataires. Car je vous garanti que dans ces conditions, vous auriez aussi - je m’adresse ici aux lecteurs masculins – le membre bleu à force d’autosatisfaction. D’ailleurs, Gargamel à bien compris cette problématique, puisqu’il tente d’infiltrer la Schtroumpfette en tant qu’agent double pour semer discorde et confusion.

Le cas de Sassette est encore plus symptomatique. En effet, se sont bien les P’tits Schtroumpfs qui jouent ici aux apprentis sorciers, mais pourquoi ? Pour prendre exemple sur les grands (sic), ou pour résoudre une castration symbolique trop lourde à porter ? Dans tous les cas, les faits montrent que les jeunots sont du même coup plus gâtés que leurs aînés, le rapport homme femme étant de 96 pour une chez ces derniers, contre 4 pour une du côté des bambins libertins. La relève semble assurée.

L’image du père

Du haut de ces 10 centimètres, cinq siècles vous contemplent. Cinq siècles de solitude pour finalement arriver sénile et impuissant quand une femelle pointe enfin le bout de ses tétons. Mais le Grand Schtroumpf conserve malgré cela une forte aura sexuelle induite par sa position de doyen et de chef spirituel.

Outre par son age, le patriarche se démarque du groupe par ses vêtements de couleur rouge, dont la connotation de puissance sexuelle n’est plus à démontrer. Un repère visuel simple, mais également un moyen d’identification puissant : le spécimen se pare d’atours chatoyants pour attirer les femelles.

Dans plusieurs albums dont le Centième Schtroumpf, le bleu papy rassemble ses ouailles pour des danses et cérémonies rituelles, de nuit, en rang serrés et avec force de chorégraphies dont Kamel Ouali ne serait pas peu fier. L’association à un gourou mettant tout en œuvre pour asseoir sa domination sexuelle sur le groupe est ici suggérée. De même, jusqu’à l’apparition du Schtroumpf Docteur, le Grand Schtroumpf a le rôle de guérisseur pour le village. Ces casquettes de leader d’un groupe isolé de tout et de médecin ne vous rappellent-elles pas quelqu’un ? Peyo fait bien sûr ici un clin d’œil aussi évident qu’anachronique à la série Lost, le Grand Schtroumpf tenant le rôle du charismatique docteur Jack Shepard, dont l’aura sexuelle n’est plus à démontrer auprès de ces dames.

Vous l’aurez compris, bien peu de matière tangible pour mettre en cause les déviances sexuelles attribuables au chef des lutins de la Foret Maudite. Ce peu d’informations ne serait-il cependant pas une preuve en soit d’un lourd secret à porter ? Les lecteurs seront laissés seuls juges.

L’homosexualité par l’exemple

Revenons maintenant à notre cas de départ, à savoir l’homosexualité solitaire ou non du Schtroumpf Coquet.

L’égocentrique gnome passe la majorité de son temps à s’admirer dans toute surface réfléchissante qu’il rencontre. Nous ne fustigerons pas sur les potentiels atouts physiques de celui-ci par peur de tomber dans une formulation raciste éculée type Franchement, tu perçois la différence entre un Schtroumpf et un autre toi ?, mais force est de constater que cet état contemplatif tiens de la pathologie. Si Freud s’était penché sur le cas des petits hommes bleus – et on ne peut que reprocher que ça ne soit le cas – il aurait sans nul doute diagnostiqué un blocage au stade anal, peut-être conforté par une image du père peu reluisante (voir précédemment). Cet état de crise le conduira d’ailleurs à une schizophrénie à peine imagée, puisque le Centième Schtroumpf naîtra de son propre reflet.

Si l’homosexualité – présumée, entendons-nous, puisque rien ne montre clairement de rapport sentimental ou sexuel entre notre cas d’étude et un de ses congénère – du Schtroumpf Coquet n’est pas refoulée, il nous faut lui trouver un partenaire de jeu. Après tout, c’est de là que part notre réflexion, il est temps de conclure. La liste des prétendants ne se veut pas exhaustive, n’ayant pas eu la volonté nécessaire pour étudier les 100 spécimens.

Le Schtroumpf à Lunettes tout d’abord semble, malgré l’antipathie qu’il suscite autour de lui, un candidat idéal. Refoulé dans son intellect, il se contente d’appuyer aveuglément les prérogatives du Grand Schtroumpf – père spirituel qu’il vénère d’un évident Œdipe inversé – par force de directives données aux habitants du village d’un ton pédant et hautain. Tant de pression doit forcément être évacuée…

En versant modérément dans le cliché, la piste du Schtroumpf Costaud trouve elle aussi crédit. Notre culturiste est fier de son corps, le montre à qui le veut, et la solitude d’une douche isolée liée au manque de salle de sport dans ce village de lavettes doit être difficile à supporter au quotidien. Le rapport dominé dominant est ici évident.

Avec tout le respect dû à un personnage de ce rang, je me dois tout de même par intégrité intellectuelle de citer ici le Grand Schtroumpf. Quatre siècle de célibat ont put fortement entamer sa capacité à l’abstinence, et pour autant de lutins en rut, la Schtroumpfette doit être bien peu disponible. Un trou est un trou…

Mais au fait, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi le Schtroumpf Grognon l’était ?

L’expérience (sexuelle)

Ces quelques lignes vous auront sans nul doute convaincu qu’une double lecture est nécessaire à la bonne compréhension du message réel de la bande dessinée les Schtroumpfs. Une dernière piste cependant vous aidera à définitivement cerner la teneur des aventures des petits hommes bleu. Je rougis à l’énoncé de tant d’évidence, mais posez-vous la question du prétexte pour un langage si particulier. La prochaine fois que vous lirez un mot contenant schtroumpf, réfléchissez à ce qu’il remplace, et pourquoi il s’y substitue.

On chante, on schtroumpf, alors si tu es de nos amis, viens donc schtroumpfer toi aussi !

À suivre : sang chaud.