WEI 2007 : libations, jeux débiles et beaux engins

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Soirées et évènements
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Gros 2000 alcool dossier wei

La consommation moyenne d’alcool par Français et par an est de 12.7 litres (source INSEE). Et comme les plus jeunes – le but avoué du week-end étant de les rendre moins innocents – font furieusement baisser ces statistiques, les anciens se doivent de faire remonter le niveau. Jusqu’à la glotte et au-delà.

Les choses s’annonçaient sous les meilleurs auspices (n’ love) : autant d’anciens que d’organisateurs, rien à faire d’autre qu’en profiter pour les premiers, et surtout une implacable envie de s’en mettre une sévère pendant les deux prochains jours. Ce que nous fîmes consciencieusement. Plusieurs fois. Sans forcément s’en souvenir. Les lignes suivantes ne constituent donc qu’un point de vue restreint, presque extérieur à l’événement. Ou du moins en léger décalage avec le concept sport et découverte de ses futurs camarades énoncé dans les brochures.

Comme à l’accoutumé, le départ se fait en bus, le vendredi après-midi, après un apéro sur le parvis de la fac toujours plus arrosé et dévastateur. Un blessé encore cette année, sûrement pour ne pas oublier que l’on part un peu à l’aventure. Pas de bus pour lui donc, et une brève apparition pour moi avant d’embarquer, en la personne d’une jeune passante apparemment peu choquée par mon apparition aussi spontanée qu’impromptue. Vous vous souvenez d’Un inconnu vous offre des fleurs ? Ici, c’est la même chose, sauf que l’inconnu vous fonce dessus, sent autant l’alcool qu’un tonneau de gnôle, et improvise un discours dont il ne se souviens pas avec 200 abrutis qui lui hurlent de se dépêcher (au mieux) ou de lui proposer des actes réprouvés par la morale chrétienne (au pire). Elle a même droit aux adieux par rangées de postérieurs interposées.

Quelques heures de bus, litres de boisson et paires de lunettes cassées plus tard, nous arrivons sur le site. Pas la peine de me demander où, même l’événement passé, je n’en ai aucune idée. Il parait qu’il y à un lac pas loin. Et j’ai vu une colline avec des chèvres (que j’ai laissées tranquilles pour le coup). Sacoche et moi lutons désespérément pour retrouver le bungalow des anciens, notre sens de l’orientation dévasté par les conséquences d’une soif inextinguible, certainement due à la chaleur et au mal des transports. Puis apéro. Longtemps, consciencieusement et avec une énergie léthargique tenant plus de l’entêtement qu’autre chose. Max rejoint la troupe, il est près de 22 heures. Ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est important pour la suite. On vide les culs-secs des vétérans dans des choppes ciselées pour l’occasion en attendant les premiers chaos de nos estomacs.

Début de la soirée, les organismes déjà bien échaudés reçoivent les derniers coups de boutoir des spécialités locales. Par locales, je cible plus le site de l’événement que la région en elle-même, d’une part parce que je ne connais pas ladite région, et d’autre part par intégrité historique – la bière, le whisky et la vodka ne représentant les spécialités locales d’aucune région française (sinon, qu’elles se fassent connaître). BoBo est le premier à s’éteindre, au grand malheur du binôme Pierro-votre serviteur, contraint de rapatrier plus de 100 kilos de barbaque sur ses frêles épaules. Paix à leurs âmes, car oui nos épaules devraient êtres personnifiées devant tant d’efforts.

Nous revenons à la soirée pour nous faire raconter un exploit digne de louanges : Max – arrivé à 22 heures je rappelle – viens d’être retrouvé étalé, ravagé par la fatigue sans doute… Il est environ 1 heure 30, on appelle ça une jolie performance. Nous – Pierro et moi, suivez un peu – convions LouLou à fêter ce fait d’armes autour d’une bouteille de vodka tagada. En caleçon, ô sublime image. Pas par perversité (quoique), mais à cause d’une escale improvisée par la piscine du camping. Habillés, bien évidemment. Et les souvenirs se font plus rares, des vidéos d’anthologie nous rappelant que les derniers verres sont passés comme une lettre à la poste (un jour de grève). Impossible de donner une heure de couché.

On évoque trop peu souvent les propriétés de sédimentation de l’alcool. Elles existent pourtant forcément, puisqu’à chaque lendemain de cuite, j’ai les yeux collés. Toujours est-il que mon réveil est plus que brutal, puisqu’en demandant l’heure, je m’aperçois avec horreur que si je ne me magne pas le train, je vais rater le légendaire PPP. Les non-IG2K se demandent à ce point ce qu’est le PPP. Séquence découverte :

Le PPP est un jeu qui tire son origine dans l’antiquité égyptienne. À l’époque, les augures tenaient également le rôle de météorologues. Pour déterminer l’ampleur des crues du Nil, et ainsi les ravages potentiels aux cultures, ils se réunissaient par petits groupes, chacun tenant un roseau creux, devant une jarre pleine. Seuls les augures faisant partie de l’équipe ayant vidé le plus rapidement leur jarre à travers leurs roseaux étaient considérés comme élus, et donc écoutés – et récompensés en conséquence – par les agriculteurs. Le PPP – pour Pichet-Punch-Paille – rend hommage à cette pratique ancestrale. Quatre joueurs munis de pailles affrontent l’équipe adverse dans un tournoi épique, au petit matin d’un lendemain de fête. Quelques litres de rhum bus cul-sec au petit déjeuner en somme…

Je sprint donc à la recherche de mes tongs, à moitié à poil, vers le lieu du tournoi. Chance, bonheur et culottes qui volent, il manque des joueurs, et comble de la providence, une équipe d’irréductibles IR se forme naturellement. La présence de Mademoiselle Vinasse (une fille, rendez-vous compte) est contrebalancée par celle de Dodao, à savoir Dieu, le seul, l’unique, le couillu. Nous perdons de peu en quart de finale. Et je rentre prendre une douche, déjà pas frais.

Il n’y a plus qu’une personne au bungalow, du moins c’est ce que je crois à ce moment. Pierro, plus loque que loque, dort profondément du coma du juste. Me voilà donc sous la douche, chantant d’une voix douce et apaisée qui pourrait aisément réveiller un sourd narcoleptique mort à plusieurs kilomètres. Je sors et me sèche, et ne peux m’empêcher de m’extasier à voix haute sur la munificence de mon engin (rappelons que ce dernier a servi de modèle lors de la conception du viaduc de Millau). Preuve que la fourberie humaine n’a pas de limite, je m’aperçois à ce moment que je suis filmé depuis quelques minutes par Bienf, qui ne sait pas encore que pour ses actes, il en répondra devant Dieu (qui devait cuver son punch à ce moment là).

Les hurlements de rire qui suivent cette mésaventure ont finalement raison du sommeil de Pierro, et nous pouvons enfin partir faire un peu de sport… Escale chez des premières années qui nous offrent gentiment un apéro bien mérité (longueur estimée du trajet parcouru entre notre bungalow et le leur : 23 mètres). On repart environ une heure, une bouteille de whisky et une bouteille de Ricard plus tard. Réellement éméchés. Et le destin avait en ce jour décidé de ne nous laisser aucune chance de sobriété, puisqu’il mit sur notre route le concours du blind test. Séquence découverte, toujours et encore :

Les historiens s’accordent à dater l’apparition du blind test à l’époque de Jeanne d’Arc. Lors de son sacrifice, la pucelle d’Orléans cria à l’attention des anglais The roof, the roof, the roof is on fire!. Interprétant mal son propos, l’un des soldat répondit d’un air victorieux Rock Master Scott & the Dynamic Three, 1984! (on notera l’anachronisme du meilleur goût). Depuis, l’usage de deviner une chanson par ses premières paroles ou notes est entré dans les mœurs sous le nom de blind test, en hommage au soldat en question dont la pauvre grand-mère était aveugle. Des années plus tard, les Gros 2000 décidèrent que ce jeu était décidément trop sobre, et obtinrent de la Fédération Internationale de Blind Test que la proposition d’une réponse soit obligatoirement précédée d’un cul-sec.

Nous prenons donc le jeu en cours avec Pierro. En dix minutes, nous rattrapons notre retard aux points (le fait de répondre – et donc de boire – même quand nous ne connaissons pas la réponse doit y jouer un peu). En vingt minutes, je mène au score, et chancelle. En trente minutes, nous avons vidé le stock d’alcool, et nous retrouvons dehors, pas loin du record mondial de déchirage de tête. Le trajet où Pierro me ramène au bungalow, à peine moins saoul que moi, nous a été raconté, nos esprits ayant déclaré forfait quelques minutes plus tôt. Beaucoup s’accordent à dire que nous aurions facilement gagné vingt minutes à marcher droit, et que deux minutes pour monter trois marches, c’est un peu élevé.

Deux heures de coma et de renvois plus tard, nous émergeons difficilement. Impossible de savoir, encore aujourd’hui, si l’épisode de ma douche filmée arrive au moment où je vous l’ai narré ou maintenant. Nous partons pour le repas du soir, et appliquons à la lettre l’adage repas du soir, repas au pinard !. Puis c’est le début de la dernière soirée, siège du désormais mythique Concours Ricard (on notera l’utilisation de majuscules empruntes de respect). Je ne reviendrais pas sur les règles de ce jeu, que j’ai déjà décrites dans un autre billet. Je n’oublie pas par contre la cuisante défaite que nous – équipe des anciens hors compétition – avons infligé à deux reprises aux organisateurs encore trop inexpérimentés. Nous couronnons les GM comme filière de l’année, puis nous nous attelons a terminer les ressources du bar, consciencieusement. Je ne dis pas méthodiquement dans la mesure où un tas d’étudiants ivres, dansants et chantants ne fait preuve que de très peu de méthode, même lorsqu’il s’agit de boire. La fin de la soirée ne marquant pas celle de la nuit, nous rejoignons notre logement pour prendre l’apéro (qui a parlée de diversité dans ce week-end ?).

Un contretemps tragique manque pourtant de mettre fin à la bonne humeur de ce séjour. Sacoche et moi restons impassibles face aux mélopées du sommeil, mais pourtant nous ne rêvons pas : ce cubi de rouge nous nargue. Pourtant calmes d’habitude, nous nous emportons finalement et décidons que ça se passerais entre lui et nous. Toute la nuit si il le faut. Le soleil et les premiers orgas se lèvent, et nous terminons notre nuit blanche attablés pour le petit déjeuner, saouls d’une cuite toute en finesse. Le cubi y est presque passé, nous l’emportons au repas. Nous gâchons ainsi le réveil d’une bonne cinquantaine de lève-tôt pendant plus de deux heures, principalement par des crises de rires aussi nerveuses qu’injustifiées.

Puis viens le moment du départ, avec un trajet de retour infiniment plus calme qu’à l’aller. Le temps y est partagé entre coma, assassinat en règle des restes du cubi, crises de rires renouvelées et jeu des personnalités. Non, je ne ressemble pas à Pikachu et non, je ne crache rien par mon engin, qui n’est d’ailleurs pas jaune et noir…

Un week-end sobre et studieux donc, qui n’aurait pas été possible sans le travail colossal des organisateurs – qui cette année en ont quand même pas mal profité. Gros 2000 un jours, Gros 2000 toujours, BEA for ever !

À suivre : Oktoberfest.