La nouvelle du rude hiver (quasiment dans les temps)

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C'est vraiment n'importe quoi
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Après la nouvelle de l’été indien, et parce qu’on ne peut pas dire que je sois très productif en ce moment, je vous propose ma participation à la nouvelle du rude hiver, dont vous trouverez là encore l’énoncé sur le forum HFR.


Dans le square les arbres sont couchés. Même devant ce spectacle inhabituel, en ce lieu qui l’est tout autant, je me pose les mauvaises questions. Plus fort que la tempête du millénaire ?, Pourquoi ils n’ont toujours rien déblayé ?, rien de tout ça. Qu’est ce qui a pu faire débander tout un troupeau de vieilles souches en même temps ?!? sera ma seule pensée, assumée avec autant de gravité que ses consœurs grand public.

Ça fait quelques temps maintenant que je prends cette jument par les seins. Que je sens ce tempérament malsain, oui, c’est plutôt ça. C’est venu d’une imprudence, d’un goût avéré pour le bon mot grivois, pour la grosse poilade. Rapidement, je suis devenu le dictionnaire ambulant de la vanne connotée, le thesaurus de l’anus, l’encyclopædia universalis du pénis. En oubliant souvent qu’ici, les plus courtes sont les meilleures.

Les complications se sont langoureusement dévoilées, pas tout de suite, pas trop vite, et c’est incapable de tenir une conversation autrement que par le dessous de la ceinture – par le dessous, rendez-vous compte – que je me vis contraint d’aller me faire suivre, à défaut d’autre chose. Une dernière démonstration où j’eu le temps d’évoquer dix-sept références anatomiques que m’inspirait le menu entre la poire et le fromage me valu une sortie pantelante du restaurant, suivie par un expéditif c’est pas un psy, mais un véto que tu devrais voir sur mon vibrant G-SM. Incertain que j’étais de retenir des propositions de chevauchées envers une spécialiste du monde animale, j’optais pour les confidences allongées.

Ils sont pas si mal étendus comme ça ces platanes. Celui du bout là-bas, un peu gondolé, a même une forme plutôt excitante…

À quoi pensez-vous quand vous répondez à votre compagne sur ce mode ?

Je décroche mon regard de la fenêtre. Plutôt excitante la praticienne, un air faussement hautain, une façon sensuelle de tenir son stylo. Elle ressemble un peu à Vanessa Demouy, surtout de dos. Ses dessous s’imprimant à plates coutures au travers de son tailleur me donnent envie de vérifier si son fondement est sain. Je lui réponds des banalités. Elle pense certainement que les gouttes qui ondulent sur mes tempes sont le fruit – qu’on me le défende par pitié – des révélations qu’occasionnent ses questions dans mon esprit malade. J’ai juste énormément de difficultés à réprimer mes pulsions verbales. Je me censure la luxure jusqu’à l’hématome lingual.

Quand vous me dite « tout le temps », pouvez-vous préciser ?
- Mardi dernier, lors d’un rapide crochet sur un forum de l’Internet mondial où l’on discute plus des Bogdanov que d’un Kama Sutra débridé que Gagarine n’aurait renié…
- Excusez moi, je ne vous suis plus, Gagarine ?
- L’attraction des corps sous une gravité inopérante, ça ne vous a jamais intrigué ?
- J’aurais dû m’en douter. Poursuivez.
- Ce jour là donc, j’ai vécu une étrange prise de conscience. Parmi les divagations d’un résident belge sur le bien-fondé de son manque de gouvernement, j’ai lu – j’ai cru lire ? – Mangez du reblochon, ça fait pousser les nichons ! Ça me l’a comme qui dirait coupée.
- Effectivement. Outre ce comportement un tantinet obsessionnel, et l’emphase qu’elle applique en prononçant tantinet est un rien vexante, je pense que vous transportez avec vous ce dictionnaire de substitution comme une barrière permanente entre vous et les sujets qui vous mettent mal à l’aise.
- La Belgique ?!?
- Non, là, je pense que vous étiez fatigué. Vous savez, pour aborder la sexualité, il n’est pas nécessaire d’employer le vocabulaire cru que vous semblez affectionner. Pour parler en vos termes, on n'emmène pas des saucisses quand on va à Francfort.

Pour le coup, j’ai l’impression qu’elle a visé juste. C’en est un rien gênant.

Si vous abordez un dialogue de cette façon, votre interlocutrice se positionnera instinctivement sur cette même défensive. Dans ces conditions, les dés sont pipés dés le début de la conversation.
- Ils ont bien de la chance.

Je sors du cabinet pas franchement rassuré, et me dirige vers la secrétaire pour convenir d’un autre rendez-vous. Elle lève les yeux – et le reste – vers moi avec un grand sourire, j’imagine déjà ses petits se…


À suivre : toujours pas de résultats ?