Fête de la musique

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Soirées et évènements
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Gros 2000 alcool bureau musique

Pendant toute une nuit en France, on célèbre sans retenue la musique sous toutes ses formes. Ça, c'est ce que vous dites à votre patron pour faire passer votre mine déconfite pour une forme d'amateurisme d'art. La vérité est toute autre : 78,15 % (estimation pas du tout fiable faite à La Rache) des participants à la Fête de la Musique passent leur temps à marcher et, dans le meilleur des cas, à boire.

C'est ce que nous avons vécu hier soir selon les aveux des derniers neurones actifs de mon cortex, estimés à 47 au dernier relevé balistique. Quand je dis nous, je parle des gaulois, ces inébranlables (l'utilisation de ce terme est voulue, merci de respecter l'auteur et de garder vos remarques salaces pour vous) guerriers du noctambulisme qui lutent sans relâche contre la morosité du quotidien. Pour résumé, une demi-douzaine de jeunes aux sacs à dos curieusement bombés par quelques distributeurs d'euphorie (doux euphémisme).

En tant qu'homme éclairé, prévoyant et visionnaire - vous trouverez mon CV sur Monster, merci de ne pas polluer ma boîte avec des offres inférieures à 45 k€/an - j'ai anticipé l'incident et donc pris mes affaires de rechange dans l'éventualité d'un découchage, et aussi une bouteille pour faire bonne mesure. Me voilà donc paré à toutes éventualités, la grève de la RATP n'influant en aucun cas sur mon planning de déplacement…

Petit groupe sympa pour commencer, exposé sur la maîtrise de l'addition par Sacoche à une serveuse ma foi bien mignonne et interlude picolistique. Jusque ici, le coup classique. Les choses se corsent quand on essaye de retrouver du monde. Téléphone, noms des sites déformés, plans donnés à l'oral avec plus de 4 g dans chaque bras… En bref, des conditions optimales.

Les évènements se déroulent ensuite selon les rites consacrés et établis par les pontes de la sonorisation bénévole urbaine : danse, attroupement, picole, attroupement, baston, attroupement, picole, gaz lacrymaux, recherche d'un bar (et collecte de fonds pour mes nouveaux yeux). Les premiers lâcheurs commencent à piquer du nez, sous prétexte fallacieux de travail le lendemain. On aura tout entendu. C'est à ce moment que nous cherchons à nous poser - une fois de plus - dans un bar. Et là, c'est le drame. N'écoutant que mon courage et mon absence totale de raisonnement, je m'assois à une terrasse à l'aspect plutôt accueillant. Grave erreur ! Mes compagnons d'infortune ont tôt fait de me faire remarquer, une fois la carte posée, le tarif exorbitant des consommations (158 € le verre d'eau toute de même). Grands princes, on se casse vite fait…

Et tentative de retour vers 'Hôtel, où j'ai établi résidence pour la nuit de manière inconditionnelle et imposée. J'écris tentative car les éléments, les dieux et le destin sont contre nous : notre pisteur est saoul et il y a des bars sur la route. Forcément, notre esprit ouvert et curieux nous incitent à visiter les lieux.

*Tchac* (tentative d'imitation du bruit d'un interrupteur qui se ferme, ou qui s'ouvre si vous êtes un puriste / électricien / GEII. Dans ce dernier cas, fermez cette fenêtre, le suicide n'est pas une solution. Bref, vous aurez compris que cette fantastique onomatopée traduit une lumière qui s'éteint)

J'avoue manquer de souvenirs à partir de se moment. Et quand je dis manquer de souvenirs, il faut comprendre, que c'est la memory leak jusqu'au réveil. Parlons du réveil justement. Dans ma grande clairvoyance, j'avais programmé ce dernier pour sonner à 6h30. J'ouvre les yeux à 7h45, sans l'aide du réveil. Mon téléphone sur le bide, je sens bien qu'il me nargue du style et ouaiiiiiiiii, j'ai sonné et toi, comme un con, tu m'a éteint et t'es trop saoul pour t'en être rendu compte !. Je hais ce téléphone. Je me karsherise les yeux de solution pour lentille de contact en croyant que je ne les pas retiré de la nuit. Après 18 tentatives et un décollement de rétine, j'ai la présence d'esprit de vérifier dans l'étui. Je les avait retiré. J'envoie mentalement ma mémoire de poisson rouge se faire foutre.

Comme je n'ai pas pieuté chez moi, je ne connais forcément pas le trajet pour aller au taff. Ça tombe bien, j'ai déjà une heure de retard. Je sors de l'appart' au moment où un bus s'arrête. Dans ce cas, une personne sensée aurait regardé le plan, se serait renseigné sur la destination du bus… Donc je me retrouve dans le bus (j'ai parlé d'une personne sensée, pas de moi), demandant au chauffeur déjà gonflé par la journée qui venait de commencer si j'avais une chance d'atterrir Gare du Nord. Explication imbitable sur mon trajet, suivie d'un périple dantesque ballotté dans tous les sens et retenant mes relents.

Je suis au taff, j'ai l'impression qu'un gnome ponce l'intérieur de mon crâne et que ses potes jouent une reprise black metal de Viens danser (Gilbert Montagné, quel artiste… Un vrai visionnaire) (NDLR : Gengen me signale à juste titre que le titre de ce grand moment de la chanson française est Les sunlights des tropiques. Louanges et thunes à la pelle pour l'auguste correcteur). Ma conscience professionnelle m'oblige a rédiger ce billet, et à ne faire que ça.

À suivre : Orléans.